La véritable vie n’est-elle pas la vie du
cœur sain ? Allah a certes fait les éloges de Son ami intime Ibrâhîm
pour le cœur sain dont il était doté en ces termes : « Du nombre de ses coreligionnaires, certes, fut Abraham. 84. Quand il vint à son Seigneur avec un cœur sain »[1], Il dit également à son sujet : « 88. le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, 89. sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain»[2].
Le cœur sain est le cœur qui est épargné
du polythéisme, de la haine, de la rancune, de la jalousie, l’avarice,
l’orgueil, l’amour de la vie d’ici-bas, la soif du pouvoir. C’est le
cœur qui est épargné de tout fléau qui éloigne d’Allah, de toute
ambigüité qui s’oppose aux informations qu’Il a révélées, de toute
passion qui s’oppose à Ses ordres, de tout désir qui dispute Ses
volontés, de tout ce qui le sépare d’Allah. Ce type de cœur sain sera
dans un paradis dans cette vie d’ici-bas, dans un paradis dans la vie
intermédiaire (barzakh), et au Paradis le jour de la résurrection.
Il n’est possible pour le serviteur
d’atteindre cette sainteté que s’il est épargné de cinq choses : du
polythéisme qui s’oppose au Tawhîd, de l’innovation qui s’oppose à la
Sounnah, de la passion qui s’oppose aux injonctions d’Allah, de
l’insouciance qui s’oppose au rappel, de la passion qui s’oppose à
l’exclusivité du culte qui doit être voué à Allah (al Ikhlâss). Ces cinq éléments constituent un voile qui le sépare d’Allah et sous chacun de ces éléments figurent d’innombrables types.
C’est pourquoi il est du plus grand
besoin pour le serviteur, même indispensable pour lui, d’implorer Allah
de le guider sur le droit chemin. Le serviteur n’a pas de besoin plus
grand que cette imploration, et aucune autre demande ne lui est plus
bénéfique. Certes, le droit chemin comprend connaissances, volontés,
œuvres, abstinences, de manière apparente, cachée, et perpétuelle. Il
est possible que le serviteur connaisse les détails de ce chemin, tout
comme il est possible qu’il n’en ait pas connaissance. De plus, il est
possible que ce qu’il ignore de ces détails soient plus grand que ce
dont il a connaissance. Aussi, il se peut qu’il soit en mesure de mettre
en pratique ces connaissances tout comme il se peut qu’il n’en soit pas
capable, ce qui en fait un chemin de droiture malgré tout.
Par ailleurs, parmi les choses qu’il est
en mesure d’accomplir, il se peut que son âme désire ou non les
accomplir par paresse, négligence, empêchement, ou autre. Puis, parmi
les choses qu’elle désire accomplir, il se peut qu’il finisse par les
mettre en pratique tout comme il se peut qu’il ne les accomplisse pas.
Aussi, dans ce qu’il met en pratique, il se peut qu’il accomplisse cela
avec une intention pure ou non, et ce qu’il accompli sincèrement peut ou
ne pas être accompagné de suivi à la perfection du Prophète, et ce
qu’il met en pratique conformément à sa voie peut perdurer en lui ou
sentir son cœur s’en écarter [et l’abandonner]. C’est là la réalité
inexorable de tous les serviteurs qui sont plus ou moins nombreux à
atteindre cette finalité.
Le serviteur n’est pas de nature à
désirer cette droiture. Ainsi, dès lors qu’il est livré à sa nature, une
barrière se dresse entre lui et elle. Il s’agit alors du refoulement
par lequel Allah à refouler les hypocrites à cause de leurs péchés en
les livrant à leur nature et leur âmes qui ont été créées sur la base de
l’ignorance et l’injustice.
Le Seigneur est certes sur un droit
chemin concernant Son décret, Son destin, Ses interdictions, Ses ordres,
Il guide qui Il veut vers Son chemin droit par Sa grâce, Sa
miséricorde, et ce, en attribuant cette guidée dans ce qui est
bénéfique, et Il écarte qui Il veut du droit chemin par Sa justice, Sa
sagesse lorsque que le sujet sur lequel doit se manifester Sa guidée
n’est pas propice à la recevoir. C’est ce qu’implique le droit chemin
sur lequel Il se trouve. Il a certes tracé à Ses serviteurs à travers
Son ordre un chemin droit, par le biais duquel Il les y appelle tous par
justice et preuve de Sa part, Il guide et permet à qui Il veut
d’emprunter ce chemin par Son bienfait et Sa grâce. Et ni cette justice
et ni cette grâce ne Le font sortir de ce chemin droit sur lequel Il se
trouve.
Le jour de Sa rencontre, il établira pour
Ses serviteurs un chemin droit qui les acheminera au Paradis. Il en
écartera ceux qui s’étaient écartés du droit chemin dans la vie
d’ici-bas et Il raffermira ceux qui s’étaient tenus droit sur ce chemin
dans la vie d’ici-bas. Il fera de la lumière de ceux qui crurent en Lui,
Son messager et ce qu’il apporta, qui était enfouie dans leurs cœurs
durant la vie présente, une lumière apparente qui courra devant eux et à
leur droite dans les ténèbres du pont. Il préservera pour eux cette
lumière jusqu’à ce qu’ils le traversent, tout comme Il a préservé leur
foi jusqu’à qu’ils le rencontrent. Il éteindra alors la lumière des
hypocrites au moment où ils en auront le plus grand besoin, au même
titre qu’Il l’a éteinte de leur cœurs dans le bas monde. Il placera les
actions des désobéissants de part et d’autre du pont tel des crochets et
des épines qui les écorcherons à leur passage comme elles ont écorché
leurs auteurs les empêchant de faire preuve de droiture. Il fera en
sorte que la force de la vitesse avec laquelle ils traverseront ce pont
sera équivalente à la force de la vitesse avec laquelle ils empruntaient
le droit chemin dans la vie d’ici-bas.
Il mettra à disposition pour les croyants
un bassin duquel ils boiront proportionnellement à la manière dont ils
s’abreuvaient de Sa législation dans la vie d’ici-bas. Il interdira d’en
boire à tous ceux à qui Il avait interdit de s’abreuver de Sa religion
et Sa législation dans la vie présente.
Regarde la vie future comme si tu la
voyais, et observe la sagesse d’Allah dans ces deux vies, tu sauras
alors avec certitude et sans aucun doute que la vie présente n’est que
le champ de labour de la vie future, son introduction et son aperçu, et
que la place qu’occuperont les gens, dans le bonheur ou l’affliction
dépendra de la place qu’ils occupaient dans cette vie dans la foi et les
œuvres pieuses et c’est d’Allah que dépend la réussite.
De ce fait, parmi les plus grandes
calamités engendrées par les péchés, figure le fait qu’ils font sortir
leur auteur du droit chemin dans cette vie et la vie future.
L’imam Ibn Al Qayyim Al Djawziyyah
« Al djawâb al kâfi »
p.283-286
[1] Sourate 37 Les rangés, versets 83 et 84
[2] Sourate 26 Les poètes, versets 88 et 89
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