La demeure du dévouement -tabattul- est l’une des demeures qu’inclut la parole d’Allah : " C’est Toi que nous adorons et c’est à Toi que nous demandons aide. "
Allah le Très-Haut a dit : " Invoque le nom de ton Seigneur et dévoue-toi -tabattal- à Lui avec ferveur -tabtîl-. " [1]
« At-tabattul » signifie le détachement. Il est construit sur le schème « tafa‘‘ul » qui dérive du nom d’action « al-batl » qui est le fait de couper. Maryam (la vierge Marie) — paix sur elle — est appelée « al-batûl » parce qu’elle est détachée de tout époux et qu’elle s’est distinguée des femmes de son époque. Elle les a dépassées en noblesse et en mérite et elle s’est détachée d’elles.
Le nom verbal -masdar- du verbe « batala » est tabtîl qui signifie l’apprentissage -ta`allum- et la compréhension -tafahhum-. Mais il est dans ce verset sur le schème « taf`îl » qui est le masdar du verbe tafa‘‘ala pour une raison fine, c’est que ce verbe (tabattal) dénote les notions de progression, de contention, d’application et de zèle. Ainsi Allah a employé le verbe (tabattal) pour désigner un sens et le nom verbal (tabtîl) pour un autre. C’est comme s’Il disait : « Apprends à ton âme à se consacrer à Allah profondément et efforce-toi progressivement de te dévouer à Lui avec ferveur ». Ainsi les deux sens sont déduits du verbe et du nom verbal. Cela est très fréquent dans le Coran et il est l’une des meilleures formes de concision.
« At-tabattul » est donc le dévouement exclusif à Allah comme l’indique d’ailleurs la parole divine : " A Lui est voué le monothéisme pur. " [2] Ce verset fait allusion au dépouillement total. Et l’on entend par le dépouillement total, le détachement -at-tabattul- de l’observation des compensations, de sorte que le dévoué -mutabattil- répugne à être comme le salarié qui n’accepte de travailler que s’il sait qu’il va être payé et qui, dès qu’il reçoit son salaire, quitte le seuil de la porte de son employeur, mais se comporte plutôt en serviteur qui rend service en vertu de sa servitude et non pas pour recevoir un salaire. Il ne quitte jamais le seuil de la porte de son Maître, à moins qu’il s’agisse d’un serviteur rebelle.
Or en se rebellant contre son Maître, le serviteur s’affranchit de l’honneur de servir son Maître et ne jouit plus de la vraie liberté [3], il est banni par son Maître et par les serviteurs de Celui-ci. En effet, le vrai honneur pour l’âme c’est d’entrer de bon gré, librement et par amour sous le joug de la servitude et non pas sous la contrainte et la coercition.
[1] Coran, al-muzzammil, 8.
[2] Coran, ar-ra`d, 14.
[3] Note du traducteur : La vraie liberté réside dans la servitude à Allah. La consécration de l’adoration à Allah rend l’homme libre de toute forme d’esclavage et du joug des passions et des désirs concupiscents. Ce point est détaillé par Ibn al-Qayyim dans plusieurs endroits de ses ouvrages et par son shaykh Ibn Taymiyya (voir par exemple « majmû` al-fatâwâ », tome X).
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