Les savants sont unanimes sur le fait qu’elle est recommandée, voire vivement recommandée. Ils divergent toutefois sur son obligation. J’ai entendu le shaykh de l’Islam Ibn Taymiyya — qu’Allah sanctifie son âme — soutenir qu’elle est recommandée. Il a dit : « Il n’y a pas de texte canonique qui l’ordonne au même titre que la patience. Tout ce que les données traditionnelles rapportent à ce sujet, ce sont des éloges à l’attention de ceux qui se montrent satisfaits.
Quant à la tradition suivante : « Celui qui ne patiente pas devant Mes épreuves et n’est pas satisfait de Ma décision, qu’il prenne un autre seigneur que Moi », c’est un récit rapporté par les Gens du Livre, il ne remonte pas authentiquement au Prophète
».
Quant à la tradition suivante : « Celui qui ne patiente pas devant Mes épreuves et n’est pas satisfait de Ma décision, qu’il prenne un autre seigneur que Moi », c’est un récit rapporté par les Gens du Livre, il ne remonte pas authentiquement au Prophète
[La satisfaction n’est surtout pas obligatoire] aux yeux de celui qui considère qu’elle fait partie des états innés et non acquis, car comment rendre obligatoire une chose qui n’est pas à la portée de tout le monde ?
A propos de la satisfaction, le Prophète
a dit : « A d’ores et déjà goûté la saveur de la foi celui qui a agréé Allah pour Seigneur, l’Islam pour religion et Muhammad pour Envoyé. » Et il a dit : « Quiconque prononce, lorsqu’il entend l’appel du muezzin : “ J’agrée Allah pour Seigneur, l’Islam pour religion et Muhammad pour Envoyé ” se verra pardonner ses péchés. »
Ces deux hadith-s constituent le pivot autour duquel tournent les stations de la religion, voire l’aboutissement même de cette dernière. Ils incluent la satisfaction à l’égard de la seigneurialité d’Allah et de Sa divinité, la satisfaction à l’égard de Son Envoyé et la conformité à lui, la satisfaction à l’égard de Sa religion et la soumission à elle. Celui qui réunit ces quatre vertus mérite d’être qualifié de véridique. C’est facile à dire mais c’est difficile à réaliser lors des vraies épreuves, surtout lorsque l’âme se trouve confrontée à ce qui s’oppose à ses passions et ses désirs.
La satisfaction à l’égard de Sa divinité inclut la satisfaction à l’égard de Son amour, Sa crainte, l’espoir en Lui, le retour repentant vers Lui, le dévouement à Lui seul et l’attirance de toutes les puissances volitives vers lui. Cela implique en fait Son adoration et la consécration à Lui.
La satisfaction à l’égard de Sa seigneurialité intègre la satisfaction à l’égard de Son administration [des affaires] de Son serviteur, le fait de s’en remettre à Lui seul, de rechercher de l’aide auprès de Lui, de compter sur Lui et d’être satisfait de tout ce qu’Il fait de lui.
La première implique donc la satisfaction du serviteur à l’égard de ce qui lui est ordonné.
La deuxième implique sa satisfaction à l’égard de ce qui a été décrété pour lui.
Agréer Muhammad
pour Envoyé implique la perfection de la docilité à son égard et la soumission totale à lui, de sorte à le faire passer avant soi-même. Ainsi le serviteur ne reçoit la guidance que de ses paroles, il s’en remet à lui dans le jugement, il ne fait pas passer le jugement de quelqu’un d’autre avant son jugement et il n’agrée le jugement de personne d’autre que lui.
La satisfaction à l’égard de la religion d’Allah, c’est que lorsque [le Prophète
] dit une parole, prononce une sentence, annonce un ordre ou une interdiction, il l’accepte avec satisfaction, ne garde dans son cœur aucune gêne vis-à-vis de sa décision et s’y soumet complètement même si elle ne convient pas aux désirs de son âme et à ses passions et même si elle contredit l’avis du savant qu’il imite ou du shaykh ou de la secte à laquelle il appartient.
Il faut savoir que le fait de ressentir la douleur et de trouver la chose désagréable ne compromettent pas la validité de la satisfaction. L’essentiel c’est de ne pas s’opposer au jugement légal et de ne pas l’accueillir avec un cœur courroucé. A partir de là on comprend pourquoi la question de la satisfaction à l’égard des choses désagréables pose problème chez certains. Ils vont jusqu’à la contester et disent :
« C’est quelque chose qui est contre nature, c’est plutôt de la patience qu’il s’agit et non pas de la satisfaction, sinon comment réunir la satisfaction et le dégoût [pour les choses désagréables] alors qu’ils s’opposent ? »
« C’est quelque chose qui est contre nature, c’est plutôt de la patience qu’il s’agit et non pas de la satisfaction, sinon comment réunir la satisfaction et le dégoût [pour les choses désagréables] alors qu’ils s’opposent ? »
En vérité, il n’y a pas de contradiction entre eux. L’existence de la douleur et le dégoût que l’âme éprouve pour une chose, n’est pas incompatible avec la satisfaction à son égard. Cela est comparable à la satisfaction que le malade éprouve en prenant le médicament amer, l’acceptation avec satisfaction de la faim par le jeûneur et de sa soif le jour d’intense chaleur et l’acceptation avec satisfaction par le moudjahid de ce qu’il subit pour la cause d’Allah comme souffrances, blessures, etc.
Le chemin de la satisfaction est un chemin court, il conduit vite au plus noble objectif, mais il est difficile de le parcourir, quoique cette difficulté n’est pas plus grande que celle du chemin du combat intérieur -mujâhada- et il est moins parsemé d’embûches que ce dernier.
La satisfaction est de trois sortes :
Degrés de la satisfaction
Elle comporte trois degrés :
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Différentes sortes de satisfaction -arrida
La satisfaction est de trois sortes :
- La satisfaction des gens du commun : c’est d’être content de son lot.
- La satisfaction de l’élite : c’est d’être content de ce qu’Allah a décrété et décidé pour soi.
- La satisfaction de l’élite de l’élite : c’est d’être content d’Allah sans personne d’autre.
Allah le Très-Haut a dit : " Quant à toi, ô âme apaisée, reviens à ton Seigneur, satisfaite et agréée, entre au nombre de Mes serviteurs et entre dans Mon Paradis "
Ainsi par ce verset, Allah n’a laissé aucun moyen au rebelle d’accéder à Lui. Pour cheminer sur la Voie, il faut d’abord entrer dans la station de la satisfaction. La satisfaction est un nom qui désigne l’arrêt sincère. Là où le serviteur s’arrête, il ne cherche ni avance, ni recul, ni à s’octroyer un surplus, ni à changer d’état. C’est là le premier sentier emprunté par l’élite et le plus difficile pour les gens du commun.
La parole [du shaykh al-Harawî] -1- : « par ce verset, Allah n’a laissé aucun moyen au rebelle d’accéder à Lui » s’explique par le fait qu’Il a subordonné le retour [salutaire] de l’âme vers Lui à un état, à savoir cette qualité qu’est la satisfaction. Il n’y a donc pas de moyen de retour salutaire de l’âme vers Allah si elle est dénuée de cette qualité. Comme preuve de cette vérité, il y a la parole d’Allah suivante : " et auxquels les anges [de la mort], quand ils viendront les cueillir en état de bonté : « Que le salut soit sur vous ! Entrez au Paradis en récompenses de [bonnes] actions que vous avez accomplies ! » Allah a subordonné ce salut de la part des anges et cette bonne nouvelle à une condition, à savoir leur récupération en état de bonté. Ce verset n’a donc laissé à celui qui n’est pas bon aucun moyen de jouir de cette bonne nouvelle.
En résumé, l’entrée dans [la station de] la satisfaction est une condition du retour [salutaire] de l’âme vers son Seigneur. Elle ne reviendra vers Lui que si elle est satisfaite. Cette condition est déduite d’une indication de ce verset (le verset suivant : « reviens à ton Seigneur, satisfaite et agréée ») et non pas de son sens direct, car son sens explicite c’est la satisfaction de l’âme à l’égard du degré de mérite vers lequel Allah l’élèvera et de ce qu’elle obtiendra comme récompense lors de son retour vers Lui, ainsi elle sera satisfaite et fera l’objet de la satisfaction d’Allah. Cela lui sera annoncé quand elle quittera la demeure d’ici-bas pour aller vers Allah.
`Abd Allah b. `Amr
a dit : « Lorsque le serviteur croyant meurt, Allah lui envoie deux anges avec des présents du Paradis. Ils lui diront : “ Sors, ô âme apaisée ! Sors pour jouir du repos et d’une subsistance excellente ! Sors vers un Seigneur satisfait de toi ! ” »
Dans sa (al-Harawî) parole : « La satisfaction est l’arrêt sincère », il est question d’un vrai arrêt avec la volonté religieuse du Seigneur — exalté soit-Il — sans tergiversation ni opposition. C’est d’ailleurs le but recherché par les devanciers, à savoir l’arrêt sur les choses aimées par Allah, sans que cet arrêt ne soit entaché de tergiversation ni bousculé par un désir quelconque.
Dans sa parole : « haythumâ waqafa al-`abdu (là où le serviteur s’arrête) », il est possible que le mot « serviteur » soit le sujet de cette phrase, ce qui veut dire que là où il s’arrête avec l’autorisation de son Seigneur, il ne cherche ni avance ni recul, comme il est possible qu’il en soit le complément et la phrase serait exprimée ainsi : « là où Allah fait arrêter le serviteur -haythumâ waqafa Allâhu al-`abda-, il ne cherche ni avance ni recul », car le verbe « waqafa » peut être employé comme transitif ou intransitif.
Sa parole : « C’est là le premier sentier emprunté par l’élite » signifie que le cheminement spirituel de l’élite consiste à s’insurger contre [les passions] de l’âme et à sortir de sa volonté. Or la satisfaction est le début de la sortie [du serviteur] des [passions de son] âme. Elle est donc, de ce point de vue, l’un des premiers sentiers de l’élite.
-1-Ce livre est plus précisément le commentaire d’Ibn al-Qayyim du célèbre ouvrage d’Abû Ismâ`îl al-Harawî intitulé : « manâzil as-sâ’irîn (les demeures de ceux qui cheminent sur la voie d’Allah) ».
-1-Ce livre est plus précisément le commentaire d’Ibn al-Qayyim du célèbre ouvrage d’Abû Ismâ`îl al-Harawî intitulé : « manâzil as-sâ’irîn (les demeures de ceux qui cheminent sur la voie d’Allah) ».
Degrés de la satisfaction
Elle comporte trois degrés :
Premier degré :
C’est le degré des gens du commun. C’est le fait d’agréer Allah pour Seigneur et d’avoir du dégoût pour l’adoration de ce qui est en dehors de Lui. C’est là le pivot autour duquel tourne l’Islam. Cette satisfaction purifie l’âme de l’associationnisme majeur.
Le fait pour le serviteur d’agréer Allah pour Seigneur signifie qu’il ne prend pas en dehors de Lui un seigneur auquel il se fie dans l’administration de ses affaires et auquel il recourt pour la satisfaction de ses requêtes ; Allah — exalté soit-Il — a dit :
"Désirerai-je un autre qu’Allah pour Seigneur alors que c’est Lui le Seigneur de toute chose" [7]
"Désirerai-je un autre qu’Allah pour Seigneur alors que c’est Lui le Seigneur de toute chose" [7]
Ibn `Abbâs
a expliqué [rabb (seigneur)] par « Maître et Adoré ».
Ce verset peut être exprimé de cette manière : « Comment chercherais-je un autre seigneur que Lui alors qu’Il est le Seigneur de tout chose ? »
Deuxième degré : Le fait d’être satisfait d’Allah
Les versets du Coran parlent plus particulièrement de cette vertu, à savoir le fait d’être satisfait de tout ce qu’Allah a décrété et décidé. C’est là le premier chemin emprunté par l’élite.
Le shaykh [al-Harawî] a mis ce degré dans une position plus élevée que celle du degré précédent. Cela s’explique par le fait que le serviteur n’entre dans l’Islam que par le premier degré. Une fois que ses pieds tiennent fermement dans ce degré, il entre dans la station de la soumission extérieure -islâm-. Quant à ce deuxième degré, il concerne les actes du cœur, quelque chose qui est propre à l’élite, à savoir le fait d’être satisfait d’Allah dans Ses lois et décisions. Cette satisfaction est le premier sentier emprunté par l’élite. Elle constitue le début du dégagement de l’itinérant de son âme qui est d’ailleurs la voie-même de l’élite. Ce préliminaire est le point de départ de son cheminement spirituel, parce qu’il implique son insurrection contre ses convoitises et son arrêt sur ce qui est voulu par Allah et non pas sur ce qui est voulu par son âme.
Troisième degré :
C’est une satisfaction qui s’inspire de la satisfaction d’Allah. Ainsi le serviteur ne voit en son âme ni courroux ni satisfaction. Cela le pousse à s’abstenir d’intervenir [dans toute affaire divine], à abandonner le choix [pour laisser Allah choisir seul] et à mettre fin à la distinction.
Ce degré a été placé par le shaykh [al-Harawî] au-dessus des degrés précédents car il ne peut être atteint que par celui qui réunit en lui les nobles vertus, à savoir le serviteur qui s’éteint auprès de son Seigneur par rapport à son âme et à ce qui en émane. Le « témoin » -shâhid- de la satisfaction d’Allah à l’égard des choses par leur réalisation selon l’exigence de Sa volonté l’a rendu absent par rapport au « témoin » de sa propre satisfaction. Ainsi il contemple réellement la satisfaction pour Allah et la satisfaction par Allah.
Celui qui a atteint cette station est satisfait de son Seigneur grâce à son Seigneur et non pas grâce à lui-même. Il en va de même pour son tawakkul, sa délégation [de ses affaires à Lui], sa soumission, sa consécration, son amour, ainsi que d’autres états de ce genre. Il voit cela avec l’œil de la bienfaisance et de la faveur [divines], en tant qu’être asservi dans lequel cette vertu a été installée et non pas qu’il a évolué grâce à elle. Il est donc en arrêt entre deux spectacles : le premier est : " pour celui qui d’entre vous veut se maintenir sur le chemin de la rectitude " [8] et le deuxième est : " Mais vous ne le voulez qu’autant que le veuille le Seigneur des mondes." [9] [10]
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[7] Coran, al-an`âm, 164.
[8] Coran, at-takwîr, 28.
[9] Coran, at-takwîr, 29.
[10] L’auteur -qu’Allah lui fasse miséricorde- a cité les choses dans lesquelles se réalise la satisfaction à l’égard d’Allah. Il en a énuméré 60, dont les plus importants sont en résumé les suivants :
- Celui qui est satisfait d’Allah agit comme un mandant, or le mandant est satisfait de tout ce que son mandataire choisit pour lui, surtout s’il est conscient de la perfection de sa sagesse, sa miséricorde, sa grâce et de son choix parfait de ce qui lui convient.
- La satisfaction fait descendre la sérénité sur le serviteur, ce qui est un grand avantage. Et tant que la sérénité descend sur lui, il agira avec rectitude et ses états s’amélioreront.
- La satisfaction ouvre [à l’itinérant] la porte du salut, rendant ainsi son cœur pur et exempt de la tromperie, la perfidie et la rancune, or ne sera sauvé du châtiment d’Allah que celui qui se présentera devant Lui avec un cœur pur.
- La satisfaction a pour fruit la reconnaissance qui est l’une des stations les plus élevées de la foi, elle constitue la réalité-même de la foi. Le courroux engendre, en revanche, son contraire, à savoir l’ingratitude.
- Toutes les infractions ont pour motif principal l’insatisfaction alors que tous les actes d’obéissance relèvent de la satisfaction. Or n’est parfaitement conscient de cette réalité que celui qui connaît les qualités de son âme et (de) ce qu’elles impliquent comme bonnes ou mauvaises actions.
- L’insatisfaction ouvre la porte à l’innovation [en matière de religion] tandis que la satisfaction ferme cette porte. Et si tu médites les innovations des chiites, des nawâsib [*] et des kharidjites, tu découvres qu’elles naissent de leur insatisfaction vis-à-vis du jugement ontologique, ou religieux, ou les deux.
- La satisfaction est un des actes du cœur. Elle est pour le cœur ce que le djihad est pour les membres. Chacun d’eux est un sommet de la foi. Abu-d-Dardâ’
a dit : « Le sommet de la foi est la patience devant le jugement d’Allah et l’acceptation avec satisfaction du Décret. »
- Le premier péché par lequel Allah a été désobéi dans ce monde est dû à l’insatisfaction. En effet, iblîs (Satan) n’a pas accepté le jugement ontologique d’Allah qui est de privilégier Adam et de l’honorer, ni Son jugement religieux qui est de lui ordonner de se prosterner devant Adam. Adam, à son tour, ne s’est pas satisfait de ce qui lui a été autorisé dans le Paradis et il s’est permis de manger de l’arbre interdit. D’ailleurs les péchés de sa descendance sont tous la conséquence de l’impatience et de l’insatisfaction.
- Celui qui est satisfait s’arrête sur le choix qu’Allah a fait pour lui et se détourne de ce qu’il a choisi pour lui-même. Cela relève de sa profonde connaissance de son Seigneur et de sa connaissance de son âme.
[*] Les nawâsib sont ceux qui attaquent les gens de la Famille du Prophète
-ahl al-bayt- par leurs paroles et leurs actes.
- 10- L’amour, la consécration et le retour [à Allah] ne se tiennent que sur l’axe de la satisfaction. L’amant est satisfait de son bien-aimé dans tous ses états.
Ô notre Dieu ! Range-nous parmi ceux qui sont satisfaits de Toi et sois satisfait de nous de manière à ne jamais Te courroucer contre nous, ô Seigneur des univers !
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