La demeure de la politesse -adab- relève de la parole d’Allah : " C’est Toi que nous adorons et c’est à Toi que nous demandons aide. "
Allah le Très-Haut a dit :" Vous qui croyez, prémunissez les vôtres et vous-mêmes contre ce Feu qu’alimentent les hommes et les pierres. "
Ibn `Abbâs
et d’autres exégètes ont dit [à propos de ce verset] : « Eduquez-les et enseignez-leur [la religion]. »
Ce vocable « al-adab (la politesse) » connote l’idée de réunion. Il consiste en la réunion des vertus du bien en le serviteur. De ce vocable dérive le mot « ma’duba » qui est le festin autour duquel se réunissent les gens.
La science de la politesse est une science qui s’intéresse à la réforme de la langue et du discours, à l’amélioration du choix des mots et à sa protection contre les erreurs et les hiatus. C’est une branche de la politesse générale.
Classification de la politesse
La politesse est de trois sortes : la politesse envers Allah, la politesse envers Son Envoyé et Sa Loi et la politesse envers les créatures.
La politesse envers Allah
Elle est elle aussi de trois sortes :
La première, c’est la préservation du comportement avec Lui en évitant qu’il ne soit affecté par une imperfection.
La deuxième, c’est veiller à ce que son cœur ne se tourne pas vers quelqu’un d’autre qu’Allah.
La troisième, c’est préserver sa volonté en évitant qu’elle ne s’attache à quelque chose qui le rend exécrable à Ses yeux.
La réalité de la politesse, c’est la mise en œuvre du caractère excellent. C’est pourquoi, d’ailleurs, elle consiste à extraire ce qu’il y a dans la nature [humaine] comme perfection pour la faire passer de l’étape « propension » à l’étape « action ».
La politesse, c’est la religion dans sa totalité. Ainsi couvrir sa nudité relève de la politesse, accomplir les ablutions mineures et majeures relève de la politesse et procéder au nettoyage des impuretés relève de la politesse, jusqu’à ce que le fidèle se recueille en prière devant Allah en état de pureté. C’est pourquoi les jurisconsultes jugent qu’il est préférable à l’homme de porter de beaux vêtements lors de sa prière, car c’est devant son Seigneur — exalté soit-il — qu’il va se présenter.
" Prenez votre parure lors de toute prosternation. " Il est donc question de parure et non pas de simple revêtement de la nudité, ce qui indique qu’il convient au serviteur de porter ses plus beaux vêtements lors de la prière. »
Un des pieux prédécesseurs avait une parure très chère qu’il portait au moment de chaque prière et il disait : « Mon Seigneur mérite plus que quiconque que je me pare devant Lui. »
Comme l’on sait, Allah aime voir l’effet de Son bienfait sur Son serviteur, surtout lorsqu’il se recueille devant Lui. Donc la meilleure manière de se recueillir devant Lui c’est de porter Ses vêtements et Ses bienfaits dont Il l’a vêtu extérieurement et intérieurement .
La politesse envers l’Envoyé 
Le Coran est plein d’exemples de ce genre de politesse. Elle consiste principalement en l’abandon -taslîm- complet à sa tradition, à la conformité à son ordre, à l’acceptation et l’assentiment à tout ce qu’il a apporté, sans objecter contre lui les raisonnements vains et imaginaires qu’on appelle raisonnements rationnels -ma`qûl-, les arguties fallacieuses, les présomptions, ou les opinions des hommes et leurs jugements erronés qu’on privilégierait par rapport à sa Sunna. Ainsi le serviteur prend l’Envoyé
pour seul homme qu’il revendique comme juge, à qui il se conforme et à qui il obéit, comme il prend l’Envoyeur — exalté soit-Il — pour seul Dieu qu’il adore, Auquel il se soumet, auprès Duquel il se repent et Auquel il s’en remet.
Voilà donc deux unicités -tawhîd- qui sont les seules à sauver le serviteur du châtiment d’Allah : le tawhîd qui consiste à affirmer l’unicité de l’Envoyeur et le tawhîd qui consiste à suivre uniquement la voie de l’Envoyé. Ainsi le serviteur ne s’en remet à l’arbitrage de personne d’autre que du Prophète
et n’accepte le jugement de personne d’autre que de lui. Il ne met pas non plus en suspens l’exécution de son ordre ou la croyance en une information qu’il a donnée jusqu’à ce qu’il la soumette à la parole de son shaykh, de son imâm, des savants de l’école à laquelle il appartient, de sa secte ou de toute personne qu’il vénère. Au contraire, il s’empresse de suivre la Sunna.
La politesse envers les créatures
C’est se comporter envers elles — chacune selon son rang — d’une manière digne d’elles. A chacune correspond un rang de politesse et chaque rang comporte des règles de politesse qui lui sont propres. Ainsi à l’égard des parents, il faut observer des règles de politesse particulières, notamment du père. A l’égard des savants, il existe des règles de politesse d’un autre genre. A l’égard du sultan, il faut observer des règles de politesse dignes de son autorité. A l’égard de ses camarades, il y a des règles qui leur conviennent. A l’égard des étrangers, il y a des règles autres que celles qu’il faut observer envers ses amis et ses familiers. Il faut respecter à l’égard de l’hôte des règles de politesse différentes de celles qu’il faut observer à l’égard de ceux qui vivent sous son toit.
De même à chaque situation correspondent des règles de bienséance qui lui sont propres. Il existe des règles de bienséance relative à la table, à l’utilisation du moyen de transport, à l’entrée dans la maison, à la sortie de la maison, au voyage, à la résidence, au sommeil, à la satisfaction de ses besoins naturels, à la parole, au silence, à l’écoute, etc.
La politesse de l’individu est le signe de son bonheur et de sa réussite. Son manque de politesse est le signe de son malheur et de sa perdition. Il n’y a pas de meilleur moyen qui attire le bien dans ce monde et dans l’Autre, que la politesse. Et si on veut être privé de ce bien, on n’a qu’à faire preuve de manque de politesse. Observe comment la politesse envers les parents a sauvé une personne qui était restée emprisonnée avec deux autres camarades dans une grotte. En effet, le Prophète
raconte que trois hommes s’étaient réfugiés dans une grotte pour y passer la nuit. Un rocher dégringola de la montagne et boucha l’entrée de la grotte. Ils se dirent : « Rien ne nous délivrera de ce rocher excepté nos invocations à Allah par l’évocation de nos œuvres pies. » Le hadith en entier se trouve dans le sahîh d’al-Bukhârî.
On sait tous, d’après un hadith rapporté par al-Bukhârî, que lorsque Jurayj l’ascète manqua de politesse envers sa mère — ne répondant pas à son appel parce qu’il était en prière et qu’il pensait que la prière passait avant sa mère —, il fut éprouvé par la démolition de son ermitage, par sa séquestration par les gens et une accusation de fornication .
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